Michaëlle Jean à la tête de l’OIF, Haïtiens ne vous emballez pas trop vite !
Pour la première fois de l’histoire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le dimanche 30 novembre 2014, une femme est nommée au poste de secrétaire générale de cette organisation. Michaëlle Jean, Canadienne d’origine haïtienne, succède à ce poste à l’ex-président sénégalais Abdou Diouf.
La nomination de l’ancienne gouverneure du Canada à la tête de l’OIF représente une grande victoire pour le peuple haïtien pensent certains observateurs. Des experts en communication supposent qu’Haïti va beaucoup gagner avec l’accession de Mme Jean, femme d’une grande culture, au plus haut sommet de la Francophonie. Est-ce de la visibilité ? Je n’en sais pas trop.
Bravo de Dakar a @MichaelleJeanF pour votre élection à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie Haïti gagne avec vous !!! — Frantz Duval (@Frantzduval) 30 novembre 2014
En tant qu’Haïtien, je salue dignement la présence de la native de Port-au-Prince à la tête de l’OIF, comme je l’avais fait pour l’immortel Dany Laferrière, lors de son élection à l’Académie française. Je suis toutefois un peu moins euphorique par rapport à cet enthousiasme débordant que montrent certains de mes compatriotes.
Selon moi, il n’y a rien de mal, si en tant qu’Haïtiens vous ressentez un sentiment de fierté vous anime lorsque vous voyez une personne d’origine haïtienne accéder à une telle fonction. C’est plus que normal, je dirais. C’est humain !
Mais si vous croyez qu’elle va pouvoir panser toutes les plaies de son pays natal, ne l’applaudissez pas si vite. Je vous le dis très clairement, inutile de vous leurrer, elle ne sera pas à ce poste pour défendre uniquement les intérêts d’Haïti. Pas si simple que cela. Dois-je vous rappeler quand même que la francophonie compte désormais 80 Etats membres, dont 23 pays observateurs.
Et comment @MichaelleJeanF va aider son pays d’origine à travers l’#OIF… Je sais qu’elle trouvera un moyen… Nous devons l’appuyer à 100 % — Chantal M. Elie (@chantalmelie) 30 Novembre 2014
Michaëlle Jean ne peut porter tous les fardeaux d’Haïti sur ses épaules.
Je me rappelle qu’au lendemain des élections qui ont conduit Barack Obama à la Maison Blanche, beaucoup d’Afro-Américains étaient en liesse pensant que le premier président noir des Etats-Unis d’Amérique allait travailler pour le bien-être de sa race. On misait beaucoup trop sur le 44e président des Etats-Unis tout simplement parce qu’il est noir.
Les plus naïfs pensaient que, en un clin d’œil, comme avec une baguette magique Obama pouvait transformer la situation des nègres dans le monde. Eh non, cela ne pouvait pas être le cas. Maintenant, la déception est grande. Certains ne veulent plus entendre parler du président de la première puissance mondiale.
Serge, blogueur très talentueux sur Mondoblog, disait sa déception après avoir été fan d’Obama à 22 ans. :
J’étais tellement con que je me suis fait faire un T-shirt avec le fameux slogan qui a marqué ce début de siècle, « Yes We Can » que quelqu’un de très intelligent décodifia plus tard en « Yes, He Can ! ».
Pourtant il était heureux d’apprendre la victoire d’Obama :
« Ce jour-là, je me suis réveillé très tôt pour suivre le direct de la proclamation des résultats des élections aux Etats-Unis. J’étais euphorique et pensais que d’une façon ou d’une autre ma vie changerait radicalement grâce à cette victoire historique. »
Pour plusieurs raisons, notre cher ami Serge n’est plus un fan et il le dit sans langue de bois :
Aujourd’hui, à 28 ans, je dois l’avouer : « Je ne ressens aucune sympathie pour Barack Obama ». En tout cas, j’espère au moins qu’il restera toujours un grand supporter d’Arsenal.
En effet, s’il faut se réjouir qu’une femme puisse accéder pour la première fois à la tête de l’Organisation de la Francophonie. Il faut juste espérer que la lutte pour l’émancipation des femmes et des jeunes portera encore plus de fruits.
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