Le téléphone portable, un démon entre nos mains
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettent à tous les citoyens haïtiens d’avoir une vie bien meilleure. Depuis 18 mars 1999, date de l’inauguration de la première compagnie privée de téléphonie cellulaire en Haïti, ce joyau technologique ne cesse d’épater tous les ados. Cependant, pour plus d’un, le téléphone portable est un démon entre nos mains qu’il faut bien exorciser.
Au delà des progrès apportés en matière de communication par le téléphone portable, le secteur de l’éducation en Haïti souffre énormément des téléphonies mobiles. Aujourd’hui, avec l’expansion de cet engin, les haïtiens sont devenus accros à leur mobile et ne peuvent pas s’en séparer. A longueur de journée on entend des gens dire, où est passé mon (BB) pour Black Berry ou mon Smartphone. A présent, exhiber son Smartphone dernier cri, ou le modèle le plus sophistiqué devant tout le monde, vous gratifie déjà une bonne réputation, (comme un certificat de bonne vie et mœurs).
Par ailleurs, en dépit de l’interdiction faite pas les autorités compétentes sur l’utilisation des cellulaires dans les centres des examens, cette année plus de 3000 téléphones portables ont été saisis lors des épreuves du Bac, qui se sont déroulées du 1er au 4 juillet. Un vrai record. Cependant, la confiscation de ces objets ne pourra jamais résoudre les dégâts dont le téléphone portable est responsable dans le milieu scolaire haïtien.
Autre temps, autre mœurs. Selon les responsables du ministère de l’éducation nationale, les garçons utilisent des pantalons très larges pour passer avec les téléphones et les filles cachent des cellulaires dans leurs sous-vêtements. Hummm ! Vous clignotez déjà vos yeux, vous aimeriez bien être surveillant, mais bon c’est juste une façon pour ces bacheliers de déjouer la vigilance des surveillants.
Vous avez besoin de moi, alors je suis là. Dans les toilettes, j’y suis, à l’église me voici, en outre c’est mon endroit favori, car j’ai toujours envie de détourner votre attention sur un message qui ne remplit pas vos poches.
En salle de classe, j’aime bien quand tu me caresses à chaque instant, inutile d’écouter ce prof qui ne cesse de répéter, quand deux verbes se suivent et que le second se met à l’infinitif.
Alors qui d’autres encore à besoin de moi ? Vous voulez trompez votre femme ou votre mari, eh bien je suis votre outil de prédilection. J’aime pas les accidents de voiture, mais si vous m’utilisez en conduisant, ne m’impute pas votre irresponsabilité.
Peut-on vraiment chasser ce démon ?
Impossible de faire une neuvaine de prière pour se séparer de moi. Car je ne suis pas vraiment un démon pour toi, mais bien sûr votre ange gardien. Car sans moi, vous n’êtes rien.
Dans ce cas aussi, difficile de scander à tout moment : sortez de ce corps ! Sortez de ce corps ! Ou du moins de crier sans cesse : le sang de Jésus Biw ! Le sang de Jésus Biw ! En effet, tu ne peux pas aller voir non plus, le curé de ta paroisse. Pour pratiquer un quelconque exorcisme pour toi. Car, il faut bien appeler pour prendre un rendez-vous, et dans ce cas tu auras besoin de moi.
Alors comment faire pour mieux vivre avec notre démon ? Faut-il bien rappeler que tout ce qui peut faire le bien peut aussi faire le mal. Un seul cœur, il a la possibilité d’aimer sans mesure et en même temps d’haïr sans raison.
Il faut rappeler, le téléphone portable était réservé à une élite en Haïti. Il fallait payer des lourdes factures de toutes sortes provenant du contrat avec la compagnie, l’achat (tèt nèg) très cher du téléphone et le prix exorbitant des minutes d’appel. Les utilisateurs étaient obligés de payer les appels sortants et entrants, même dans le cas de conversations entre deux abonnés de la même compagnie. Mais depuis un peu plus de cinq ans, même les ménages les plus pauvres en Haïti peuvent posséder au moins deux téléphones portables.
A vous, comment est la réalité de l’expansion de la téléphonie mobile chez vous ?
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