Le prix de l’amour

Article : Le prix de l’amour
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1 février 2015

Le prix de l’amour

une femme nue 
Pour certains la vie est un combat. Mais pour d’autres la vie est un jeu. Cependant, pour Léa cette vie n’est qu’un rêve effrayant, un cauchemar. Elle est juste un châtiment qu’on devrait éviter ou bien lutter pour s’en débarrasser très vite. Impossible de la convaincre que cette vie n’est pas seulement jonchée d’affliction, qu’elle est loin d’être  tout simplement un film d’horreur. La conviction de Léa était déjà forgée.

A 14 ans, vous êtes tous d’accord qu’il est permis de visée haut, et même plus haut que la lune. C’est normal me diriez-vous. Et c’était le cas pour Léa. Elle avait les plus folles ambitions de jeunesse : réaliser des études en art dramatique dans l’une des plus grandes universités de l’Europe, offrir une vie décente à sa mère. Et partir en voyage jusqu’au bout du monde. Elle était jeune, affriolante, et considérée comme une île de beauté tant qu’elle était toujours très élégante.

Au départ, elle habitait avec sa mère une baraque sur la montagne, où il n’y avait ni eau courante, ni électricité. Ce n’est pas grave ! Car c’est une réalité commune à tous ceux qui crèchent au recoin d’Haïti. Donc cela ne l’affectait pas trop. Enfant unique de sa mère, car son père l’avait abandonnée depuis l’âge de trois ans. Elle avait pu bénéficier jusque-là,  l’amour parfait d’une mère qui la chérissait toujours.

Mais cela n’avait pas fait long feu. Eh oui, depuis que sa mère était tombée follement amoureuse d’un homme de la cinquantaine, riche et très respectueux de la commune. C’était déjà le début d’une descente en enfer pour l’adolescente. En effet, elle bénéficiait de moins en moins la tendre affection de sa mère. Et ça, elle ne pouvait pas la supporter. Mais elle ne voulait pas faire obstacle au bonheur de sa mère.

Un mois plus tard, son beau-père avait offert à sa mère un appartement flambant neuf dans un quartier résidentiel, et une voiture exceptionnelle à Léa. Un cadeau qu’elle avait catégoriquement refusé. C’est que l’enfant n’avait pas besoin de voiture de luxe en ce moment. Elle avait faim de l’amour de sa maman. Cependant son comportement  lui avait valu de préférence une bonne raclée. Pour la première fois, la jeune fille avait eu une discussion orageuse avec celle qui l’avait mis au monde.

Mais la réconciliation ne se faisait pas attendre. Maintenant ils étaient trois dans cette nouvelle maison. La vie de sa mère avait pris de l’altitude comme un aigle. Cependant Léa n’était toujours pas heureuse. Sans doute à cause de cet homme qui, désormais fait partie de la vie de sa maman, par conséquent de la sienne aussi. « A partir de ce moment, la vie ne sera plus comme avant, disait-elle. » Sans trop savoir pourquoi, elle avait la sensation que sa vie était menacée. Elle pensait fuir la maison. Par contre, vu son grand attachement à sa mère, son cœur ne l’avait pas permis de larguer celle-ci. Mais lentement l’inquiétude gagnait son âme.

Les premiers assauts commencent

On n’est jamais mieux que chez soi. Non. Ce n’est pas de l’avis de Léa. En effet, la maison était devenue un véritable enfer pour la jeune fille. Malgré l’âge avancé de son beau-père, celui-ci était fasciné par l’attrait physique de la demoiselle. Et il n’avait pas hésité de faire des avances en douceur à la jouvencelle. Mais Léa n’était pas une proie facile. Face à ses premiers assauts, l’enfant résiste. Et  avait décidé d’en parler à sa mère. Celle-ci ne voulait pas croire à ses oreilles. Elle réprimandait sévèrement la jeune fille. Et lui défendre expressément de salir la réputation de son beau-père. «  Il faut faire confiance à cet homme, il n’est pas comme ton père, concluait-elle. »

Étonnée, Léa ne comprenait plus rien de ce qui se passait. Elle n’était pas en paix. Pour la première fois de sa vie, dans un grand soupir, elle avait déclaré : «  Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Oui, il suffit d’un seul regard, pour comprendre le dégout que Léa éprouvait non seulement pour sa mère, mais aussi pour cette vie. A quatorze ans, elle n’attendait pas à recevoir ce cadeau empoisonné de la vie. Elle ne savait pas comment échapper à cette souffrance qui se dessinait devant elle.

Le destin avait été dur pour elle. Un soir pendant que sa mère était à une fête, le quinquagénaire avait donc décidé de passer à l’attaque.

  • « Non, tu ne me feras pas ça, suppliait-elle. »
  • « Il était inutile de faire une prière, répondait l’assaillant.»

Il était sans pitié. D’abord doucement, puis d’un mouvement brusque il pénétrait l’enfant. La pucelle  poussait un cri épouvantable, un rugissement de douleur. Mais son tourmenteur était heureux  de lui avait fait pleurer et saigner ensuite.

Et dès ce soir-là, l’enfant n’avait pas trouvé les mots pour parler à sa mère. Rien n’était plus important pour lui que de se donner la mort. Elle croyait victime d’un complot. « pourquoi devrais-je rester en vie, se demandait-elle. » Mais avec sa horde de chagrins, terrorisée pendant de longs mois, la jeune fille subissait les sévices de son agresseur.

La peur de dénoncer son bourreau, la solitude, l’avait fait voir en chaque homme un potentiel ennemi. Mais quand l’enfant avait su qu’elle était enceinte, elle avait brisé le silence.

Toute tremblante, s’approchant de sa mère, elle la remerciait tendrement pour ce beau cadeau. Ayant enfin reconquis raison, confuse,  elle s’empressait  alors d’embrasser sa fille unique. Trop tard, Léa disparaissait devant elle dans un clin d’œil.

Certes, Elle regrettait cette décision qui l’avait éloigné de sa fille. Mais bien davantage le fait qu’elle n’avait jamais eu aucune nouvelle de la jeune femme. Bien que son mari ait fui la maison, elle avait engagé un homme de main pour exécuter cet homme qu’elle aimait tant. Mais qui lui avait enlevé la présence de sa fille.

Quelques jours plus tard, la mère de Léa avait eu la confirmation de la mort désormais de son ex-mari. N’ayant jamais eu aucune nouvelle de sa fille, alors elle pensait que sa vie ne valait plus rien. Ne voulant pas vivre dans le chagrin et la solitude totale, elle avait décidé de mettre fin à sa vie.

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Commentaires

Nelson
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Et je crois que c'est important qu'on en parle de tout ça au futur parents afin de mieux protéger les enfants.

CECILE FRENETTE
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Je crois que les mères amoureuses sont comme toutes amoureuses; elles ont confiance, trop confiance en l'homme qu'elle aime pour seulement imaginer que ces hommes puissent être aussi abjects.
Et pourtant, Dieu seul sait combien de jeunes filles sont victimes de leurs pères, de leurs frères, des amis de leur mère...
Certaines mères réagissent ainsi par égoïsme. Elles ne peuvent croire ce que racontent leurs filles, car cela briserait la relation qui les rendent heureuses. Comme elles doivent regretter cet égocentrisme lorsqu'elles réalisent la vérité. Dans une telle situation, la mère est autant à plaindre que la fille abusée. Car si la jeune fille réussie à oublier cette mésaventure, la mère, elle, n'oubliera jamais la faute qu'elle a commise en étant pas mieux à l'écoute de son enfant.

Nelson
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Merci cecile de votre visite et surtout de votre contribution.

Fotso Fonkam
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Quelle triste histoire! Dans la plupart des cas, les mères ne font jamais assez confiance à leurs filles quand celles-ci se plaignent des avances des beau-pères. Je ne sais pas pourquoi. Il faut toujours que l'irréparable soit commis pour qu'elle réagissent. Et c'est vraiment dommage.