Haïti : Opération Burkina Faso, entre indignation et incompréhension

8 décembre 2014

Haïti : Opération Burkina Faso, entre indignation et incompréhension

Manifestation de l'ooposition à Port-au-prince
Manifestation de l’ooposition à Port-au-prince

La gestion de la crise préélectorale par le gouvernement en place suscite la colère et l’indignation d’une frange de la population. En déclenchant l’opération dite Burkina Faso, les dirigeants de l’opposition haïtienne entendent intensifier les manifestations de rues dans tout le pays, notamment à Port-au-Prince afin d’obtenir le départ du président Michel Martelly et du Premier ministre Laurent Lamothe.

Depuis plus de 200 ans, Haïti patauge et s’enlise dans une instabilité politique infâme qui donne du vertige. Laissant une dictature féroce pour se précipiter sans préparation dans une démocratie qui a encore du plomb dans les ailes, c’est la moindre des choses que nous avions pu faire jusque- là.

Pourtant à longueur de journée, nous entonnons la même chanson : nous sommes la première république noire indépendante du monde. Ce refrain nous le connaissons par cœur. Parfois pour un accord plus harmonieux, on ajoute que Dessalines ou Toussaint Louverture avait fait ci et ça. Mais franchement cela m’agace.

Parce que fort souvent on a l’impression qu’Haïti est devenu un rêve inachevé. C’est comme si le pays n’avait enfanté que des bêtes sauvages qui s’entretuent pour le pouvoir. Mais qu’avons-nous fait de cette indépendance ? Pourquoi sommes-nous encore dans cette caverne ?

La réalité d’aujourd’hui, c’est que nous sommes devenus un peuple sans repère, sans la moindre détermination.

Par ailleurs, je reconnais que la soif de changement était visible chez mes concitoyens. Mais le choix du président Michel Martelly pour diriger le pays comme je le disais souvent, n’était pas réalisme, il était de préférence suicidaire. Car nous sommes tous d’accord qu’on ne fait jamais appel à un cireur de chaussures pour opérer une personne qui souffre du cancer. Sauf si on veut aider ce patient à traverser vers l’au-delà le plus vite que possible.

Bref, plus de trois ans après la prise du pouvoir par le régime en place, les citoyens haïtiens attendent toujours la réalisation des élections dans le pays. Maintenant il est clair que l’indignation est bel et bien là. Cependant c’est écœurant d’entendre parler d’opération Burkina Faso en Haïti.

Sans nul doute, les Burkinabés ont donné un exemple historique au monde entier. Ils ont mené un combat de titan pour mettre fin à 27 ans de règne du régime dictatorial de Blaise Compaore. Moi aussi, je les félicite. Car le 30 octobre 2014, ce vaillant peuple du pays des hommes intègres (Burkina Faso) s’est levé comme un seul homme pour dire non à un pouvoir à vie du président Compaoré.

Toutefois, je ne vois pas le rapport qui existe entre Haïti et le Burkina Faso. Jusqu’à en vouloir calquer ce qui s’est passé dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Je n’ai  jamais été un fanatique des Tèt Kale (crânes rasés), cependant nous devons comprendre que la crise haïtienne est plutôt  endémique, il faut juste attaquer le mal par ses racines. Donc il est incompréhensible que l’opposition haïtienne puisse prétendre pouvoir soulever une insurrection populaire dans le pays. En effet, nous avions toujours privilégié le choix du chambardement, et cela a toujours eu des conséquences desastereuses sur le pays.

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