Comment fait-on pour oublier les morts ?
C’est officiel, seulement 10 ans après le terrible tremblement de terre qui a secoué notre terre, faisant des milliers de morts, nous avons, hélas, déjà oublié nos disparus.
Et pourtant, implicitement, nous avions signé collectivement un pacte : celui de ne jamais abandonner nos morts. C’était donc un devoir pour nous tous d’honorer leurs mémoires.
Mais après avoir passé des jours, des semaines, voire des années à pleurer le départ de ses vies, et de soutenir nos amputés, au bout de dix ans, ils ne représentent plus rien pour nous. Nous voguons calmement vers la grande catastrophe, dans l’indifférence la plus totale !
C’est triste. Seulement dix ans après, nous avons déjà oublié que dans ce moment de grande détresse, la compassion et la solidarité entre nous étaient notre seule force dans ce couloir de la mort.
En route vers la grande catastrophe
Mais aujourd’hui, nous avons décidé de trahir la plus belle de toutes nos promesses, celle de reconstruire une Haïti où il ferait bon vivre pour tous. Une Haïti qui ne représente plus une fosse commune à ciel ouvert.
En lieu et place de cela, si l’on en croit les experts le pire est à venir.
Un autre séisme 10 ans après celui de janvier 2010 fera autant de dégâts, autant de morts, selon l’architecte Jeanine L. Millet.
D’aucuns diraient que c’est inquiétant. Que nous ne devrions pas abandonner ainsi les vivants. Ce que ces gens ont peut-être oublié, c’est que la vie tout comme la mort n’a pas vraiment beaucoup d’importance sur ce coin de terre.
En effet, nous sommes sous la domination d’une grande histoire dont nous n’avons pas été les créateurs. Bien éloignés de remettre l’histoire en question, nous nous divertissons à coup d’habitudes et d’incertitudes.
Nous reproduisons, un jour après l’autre, les grandes litanies de nos malheurs. Alors pour la responsabilité individuelle de s’en sortir, nous devons commencer par résoudre nos problèmes structurels.
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