Travailleur de camion, le métier d’un enfant.

Article : Travailleur de camion, le métier d’un enfant.
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8 février 2013

Travailleur de camion, le métier d’un enfant.

travailleur de camion

Quatre heures du mat. On se lève tôt quand on est travailleur de camion au Cap-Haitien. Jeanty, âgé de 11 ans environ, est fin prêt pour aller travailler. << Oui, j’aimerais  vraiment m’habiller pour aller à l’école  comme tous les autres, mais qui va prendre soin de ma mère et de mon petit frère de trois ans. >>  M’a soupiré très sagement, cet enfant qui a la lourde responsabilité de subvenir au besoin de sa famille. J’avoue que Jeanty n’est pas le seul enfant de la ville, vivant dans cette situation.

Il n’a pas connu son père. En effet, ce dernier a abandonné sa mère dès qu’il a appris la grossesse de cette femme. Pour son petit frère de trois ans, c’est une mort subite qui a séparé sa mère de son nouveau conjoint.

Comme tous les autres enfants qui n’ont pas cette possibilité d’aller à l’école, dans la deuxième ville du pays, la journée de ce petit garçon qui a déjà la posture d’un adulte, commence dès qu’il a terminé de prendre son café sucré et un morceau de pain. Un petit déjeuner, très appétissant. N’est ce pas ? Ah oui ! S’exclame-t-il, je rends grâce à Dieu et à ma bienheureuse mère qui me l’a préparé, en effet beaucoup de mes camarades n’ont pas cette chance.

Il est là, au long de la grande rue, promenant son regard un peu partout. Espérant qu’un chauffeur de bonne humeur puisse faire appel à lui pour venir travailler. Il n’est pas contractuel. C’est au jour le jour, qu’il doit bosser très dur pour trouver un peu d’argent. Loin d’être un grand philosophe, mais le sourire de ce petit garçon ferait tomber toute jeune fille qu’il invite sagement apprendre place à bord de son [tap-tap], ou du moins cette camionnette qui assure le transport en commun et qu’il prête son service.

En effet, c’est son boulot qui l’oblige. Il n’est pas tiré à quatre épingles comme tous les banquiers de la ville. Portant son jeans bleue et tee-shirt un peu usagé, il a l’air très fier d’être chaussé d’un nouveau pair de tennis de grande marque.

Maintenant, il est cinq heures, ses copains arrivent. Un peu de dialogue, c’est le moment agréable de la journée. Mais, ils surveillent tous le sifflement d’un chauffeur. Jeanty, ne gagne pas beaucoup, seulement 150 gourdes, moins de cinq dollars pour sa journée de travail. Cependant, il a droit à un repas chaud, coûtant environ 25 gourdes.

La question de salaire minimum fixant à deux cents gourdes pour une journée de travail par l’état haïtien, n’est pas son affaire, ou du moins, il n’est pas au courant de cette fameuse loi. On a droit de se demander, qui est assuré de faire respecter la loi dans ce pays.

Il est maintenant  19 heures, Jeanty doit renter chez lui. Il est déjà tard. Il est fatigué, il a juste le temps de saluer sa mère et son petit frère, ensuite prendre son bain et son dernier repas.

On n’a pas toujours un moment de détente et de loisir, quand on est travailleur de camion dans la ville du Cap-Haitien. Surtout, quand on a de grand rêve tout comme  Jeanty, qui espère pouvoir faire de son petit frère le meilleur avocat de la place.

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Commentaires

Osman Jérôme
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Encore une autre plaie sociale dont tu as pris le soin de toucher du doigt. Parfois on peut se demander si ces enfants ne pourraient pas mieux servir le pays sous une autre forme. Voire qu’on parle de l’école pour tous. A rappeler que, cette situation n’est pas unique, mais ces ados sont un peu partout a travers tout le territoire en quête d’un aller-mieux pour eux et pour leurs familles dans ces pénibles conditions.

Nelson Deshommes
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de toute façon, il faut un travail en profondeur au sein de cette société pour pallier à cette situation. car c'est pas du jour au lendemain qu'on va arrvier à l'éradiquer totalement.