Nelson Deshommes

Haïti : des réchauds professionnels pour lutter contre la déforestation

Palmis Enèji est une entreprise sociale haïtienne qui crée des conditions pour protéger l’environnement de manière durable dans des zones touchées par la déforestation. Le groupe a développé un système économique qui permet aux personnes en situation de précarité énergétique de protéger leur santé, d’améliorer leur situation financière, et de préserver leur environnement en leur donnant accès à des équipements et à des sources d’énergie plus efficaces et/ou renouvelables.

Dans la commune de Dondon, dans le département du Nord du pays, nous avons rencontré Roosvelt Telamir, vieux de soixante ans. Monsieur Telamir est un homme  solide comme sa hache, lent, lucide ; on dirait un des hommes qui semble fait pour être toujours en contact avec leur monde préféré : les forêts. 

Il est géant comme un arbre, d’ailleurs, on le surnomme le maître des arbres. C’est qu’en réalité, il a fait de l’abattage des arbres son principal métier et sa principale source de revenue. «  Les arbres sont sources de richesses », s’enthousiasme Roosvelt Telamir qui envisage la coupe d’une vingtaine d’arbres cette semaine pour faire du charbon.

« Auparavant, j’étais cultivateur. Mais cela me rapportait peu. Je n’arrivais pas à prendre soin de ma femme et de mes sept enfants », raconte Roosvelt Telamir, qui voit dans la coupe des bois une solution miracle pour subvenir à ses besoins.

En effet, selon la Banque Mondiale, la production de charbon de bois est la deuxième plus grande chaîne de valeur agricole en Haïti. Et selon cette étude, environ 946,500 tonnes métriques de charbon sont consommées à l’échelle nationale chaque année.

La situation de l’environnement en Haïti est de plus en plus préoccupante. La déforestation et la dégradation des forêts représentent dans le pays un problème environnemental majeur qui impacte la stabilité́ écologique.

Cette déforestation est souvent causée notamment par la production de charbon de bois. En effet, selon les données du ministère de l’environnement : « les haïtiens consomment environ entre 30 à 40 million d’arbres par année et le bois rentre pratiquement dans 75% de nos besoins en énergie. »

Située dans le bassin des caraïbes et notamment sur la trajectoire des cyclones, Haïti figure parmi les 10 territoires les plus exposés au monde et 5e pays le plus vulnérable en matière de catastrophes naturelles.

Alors qu’Haïti subit déjà les aléas des changements climatiques, en l’absence de reboisement ou de reforestation les risques de désastres qu’encourt le pays, comme les tremblements de terre, les cyclones, les tempêtes tropicales, les glissements de terrain et les éboulements rendront le pays encore plus vulnérable.

Changer de mode de vie grâce aux réchauds GPL

En effet, à Ferrier, Haïti — Ville située dans l’une des zones les plus sèches du pays. Cette ville connaît chaque année des inondations et sécheresses qui figurent parmi les principaux facteurs de sa vulnérabilité. Là, il y a une entreprise haïtienne qui travaille pour un changement de mode vie. 

Arline Hyppolite, 39 ans, fine et de grande taille, est mère de quatre enfants. Elle vend de la nourriture prête à emporter ou consommer sur place au coin des rues de la ville de Ferrier. 

Mais désormais elle n’utilisera plus le charbon de bois pour la cuisson des plats comme le riz collé ou sauce pois, griot, pain patate.

En effet, elle est l’une des 300 (MACHANN MANJE KWIT,) marchandes des aliments cuits de rue bénéficiant le support de Palmis Enèji pour passer du charbon de bois à l’utilisation d’un combustible plus propre avec le GPL ou gaz propane.

« L’utilisation des réchauds améliorés et des réchauds GPL est plus avantageux », affirme Arline Hyppolite qui, un peu plus loin, confirme que ces réchauds permettent de préparer la nourriture un peu plus vite et est plus économique par rapport aux dépenses régulière pour le charbon de bois.

Pour le Coordonnateur de Palmis Enèji, ce programme vise trois grands objectifs : « il permet aux personnes en situation de précarité énergétique de protéger leur santé, d’améliorer leur situation financière, et de préserver leur environnement en leur donnant accès à des équipements et à des sources d’énergie plus efficaces et/ou renouvelables. »

Donc, cette solution alternative entraîne visiblement un autre bénéfice : on va alors couper moins de bois pour faire du charbon, ce qui protègera l’environnement, mais il faudrait que tout le monde puisse avoir accès à ses réchauds à gaz propane, qui coûtent au complet environ 50.000 gourdes soit  625 $ us avec notamment le financement de l’USAID.

« Il y a une forte corrélation entre l’utilisation des réchauds à charbon, l’utilisation des ressources ligneuses comme source de combustible et la déforestation », dit Jean Farreau Guerrier, responsable de Palmis Enèji. 

L’organisation continue de faire la promotion de l’énergie propre et renouvelable. Comme solution alternative, Palmis Enèji distribue des réchauds améliorés et des réchauds GPL dans des endroits les plus reculés du pays, comme ici à Ferrier grâce au soutien du projet de Reforestation de l’USAID qui vise à accroître le couvert forestier et le couvert végétal pérenne dans le nord et le Nord-est d’Haïti, en vue de restaurer et d’améliorer l’offre de services environnementaux et de soutenir la sécurité alimentaire et la résilience.

Ce projet de l’USAID s’étale sur une durée de 5 ans (août 2022),  et dispose d’une enveloppe de US$ 40 millions pour renforcer des filières permettant de diminuer la demande régionale en produits ligneux locaux pour la cuisson, les étais et bois de construction. Il supportera la promotion de technologies permettant d’améliorer l’efficience des systèmes de carbonisation de bois. Il supportera aussi l’éducation du public et des plaidoyers sur les causes de déforestation autres que le marché des produits ligneux.

En effet, grâce aux activités initiées depuis 2013 par Palmis Enèji dans le pays, « c’est plus de 90 000 tonnes de bois qui ont été épargnés dans le pays et une réduction d’émission de CO2 de 120 000 tonnes à fin 2019. » déclare avec un large sourire M. Farreau Guerrier.

Ce programme mis sur pied par Palmis Enèji est une des solutions qui permet de réduire peu à peu la consommation du charbon de bois dans le pays.

« Ce n’est pas une quelconque solution qu’on apporte à la population. C’est un mode de vie à changer, c’est les mauvaises habitudes à mettre de côté et les bons gestes à adopter », insiste M. Farreau.  Rappelant par ailleurs, que l’objectif premier du projet est la réduction de la déforestation dans le pays et la protection de l’environnement.

Le reboisement est la solution 

Le programme de Palmis Enèji a trouvé une façon de réduire non seulement l’utilisation du charbon de bois, mais aussi les GES émis lors de la fabrication du charbon, en apportant une alternative à la population.

«  On doit lancer un programme de reboisement sur le long terme, contre vents et marés », affirme M. Florvil, coordonnateur des activités de FoProBiM, qui s’est donné entre autres missions de reboiser les mangroves, là où c’est encore possible.

En effet, selon agronome Widlin Florvil, lutter contre la déforestation en distribuant des équipements de cuisson du GPL, Gaz de Pétrole Liquéfié, est une stratégie perdue d’avance.

Et selon l’étudiante en 4e année d’agronomie, Gertha Joseph, « l’Histoire de la déforestation en Haïti est longue et complexe, elle est influencée non seulement par des facteurs internes mais aussi externes, le problème s’étend bien au delà de la production et du commerce du charbon de bois. »

C’est une catastrophe écologique qui a un rapport étroit avec la situation économique des couches les plus vulnérables de la population locale. 

De son côté, l’agronome Widlin Florvil, coordonnateur de la Fondation pour la protection de la biodiversité marine (FoProBiM), confirme qu’il ne suffit pas seulement d’offrir une alternative à la population avec la distribution des réchauds améliorés. 

« Il faut un campagne de reboisement permanent », reconnaît sans détour Fontescony Joseph, directeur départemental Nord du ministère de l’Environnement.

C’est dans cette logique que le 30 janvier 2021 dernier, le Président de la République, Jovenel MOÏSE, le ministre de l’Environnement a officiellement inauguré un  Centre de Germoplasme forestier et fruitier dans le département du Nord.

Ce Centre de Germoplasme qui se situe à la 2e section communale de Grand Pré, commune de Quartier Morin, département du Nord d’Haïti a pour mission « principale de fournir des plantules d’arbres fruitiers et forestiers, en vue de l’amélioration de la couverture forestière de ce département », affirme M. Fontescony Joseph, directeur Départemental Nord du Ministère de l’environnement. 

« Avec une capacité de production de 4.5 millions d’espèces forestières et fruitières l’an, ce centre travaille avec tous les organismes qui luttent contre la désertification dans le pays », ajoute le représentant du ministère de l’environnement dans le département.

Le déboisement n’est pas considéré comme un problème majeur en Haïti. Car le charbon demeure massivement utilisé pour la cuisson des aliments en dépit de nombreuses lois qui existent dans le Code des Lois Haïtiennes sur l’Environnement. On peut citer en exemple : la loi du 4 Juin 1936 édictant des mesures pour arrêter la déforestation ; Arrêté du 8 Octobre 1938 interdisant l’exportation du charbon de bois. 

Ironiquement ces lois ne sont jamais appliquées, pourtant en dépit des solutions alternatives, avec le changement climatique et la dégradation de l’environnement, les effets de la déforestation sont nettement visibles. 

Conséquence, ces projets ne tiennent pas compte des réalités et des besoins des populations locales et des producteurs de charbon de bois. Il faut en effet, trouver de la production ou le développement de sources de revenus alternatifs dans les régions rurales ou résident des groupes sociaux parmi les plus vulnérables du pays.

Ce reportage a été rendu possible par CFI, Agence française de développement médias, dans le cadre du projet INFO TOUPATOU, et de la FOKAL


Haïti : Pour le Dr. Laborde, «l’ignorance est beaucoup plus dangereuse que la COVID-19.»

Les campagnes de vaccination contre le coronavirus se multiplient à travers le monde. Mais en Haïti, il y a une résurgence du nombre de cas depuis les fêtes de fin d’année. Les gestes barrières ne s’appliquent plus et ne parlons pas de la campagne de vaccination.

Dr Laborde entrain de se faire vacciner contre la Covid-19.

L’année 2020 a été surtout dominée par un mot qui a défrayé la chronique et qui a fait sombrer l’humanité dans la désolation. Je veux évidemment parler du coronavirus, ou Covid-19. Et pour cette nouvelle année le mot vaccin est déjà sur toutes les lèvres et il figure déjà dans le top cinq des mots les plus recherchés sur Google.  

L’idée de pouvoir vacciner tout le monde fait déjà son chemin. On en parle de plus en plus. Mais, il y a un autre sujet qui fait couler beaucoup d’encre et qui rend confortent les anti-vaccins dans leurs positions : les vaccins peuvent-ils modifier notre ADN ?

Et sur les réseaux sociaux aussi, le débat sur la vaccination fait rage. Si pour certains, le vaccin sauvera des vies, les plus sceptiques vous diront qu’il n’est pas question de se laisser vacciner. Entre l’ignorance et les fausses nouvelles qui circulent autour des vaccins contre le coronavirus, on ne sait plus à quel saint se vouer.

Pendant ce temps, si en ce moment le vaccin contre le coronavirus n’est pas obligatoire, certains pays, pensent déjà à un certificat de vaccination qui sera exigé pour avoir accès à leur territoire.

Doit-on vacciner tout le monde ?

Entre puces électroniques, modification de l’ADN, les fausses rumeurs sur les vaccins contre le Covid-19 ont le vent en poupe.

Selon le Dr. Laborde, les fausses informations autour des vaccins et l’ignorance peuvent être la cause d’un plus grand nombre de morts. Il continue d’encourager tout le monde à prendre cette pandémie au sérieux.

Ce qui est clair, c’est qu’Haïti a été épargnée par la pandémie de coronavirus.  Mais n’allons pas trop vite, me dira mon ami, le docteur Yvens Laborde.

«En dépit de la présence des vaccins pour lutter contre le coronavirus, il ne faut pas croire qu’on a déjà tiré notre épingle du jeu», me fait-il savoir.  Directeur médical de la santé global à Ochsner Health System à la Nouvelle-Orléans, Dr Laborde a été l’un des premiers médecins haïtiens à recevoir le vaccin contre la Covid-19 produit par Pfizer BionTech.

Selon Dr. Laborde, il est très important et nécessaire que le gouvernement, notamment le Ministère de la Santé publique, commence déjà le débat sur la vaccination dans le pays.  Il doit commencer à planifier maintenant . « L’immunité du troupeau est très difficile à achever en absence d’un plan de vaccination. Il faut que la population reste vigilante », ajoute-t-il.


Comment fait-on pour oublier les morts ?

C’est officiel, seulement 10 ans après le terrible tremblement de terre qui a secoué notre terre, faisant des milliers de morts, nous avons, hélas, déjà oublié nos disparus. 

Et pourtant, implicitement, nous avions signé collectivement un pacte : celui de ne jamais abandonner nos morts. C’était donc un devoir pour nous tous d’honorer leurs mémoires.   

Mais après avoir passé des jours, des semaines, voire des années à pleurer le départ de ses vies, et de soutenir nos amputés, au bout de dix ans, ils ne représentent plus rien pour nous. Nous voguons calmement vers la grande catastrophe, dans l’indifférence la plus totale !

https://twitter.com/mondoblog/status/1216389372867567616

C’est triste. Seulement dix ans après, nous avons déjà oublié que dans ce moment de grande détresse, la compassion et la solidarité entre nous étaient notre seule force dans ce couloir de la mort.

En route vers la grande catastrophe 

Mais aujourd’hui, nous avons décidé de trahir la plus belle de toutes nos promesses, celle de reconstruire une Haïti où il ferait bon vivre pour tous. Une Haïti qui ne représente plus une fosse commune à ciel ouvert. 

En lieu et place de cela, si l’on en croit les experts le pire est à venir.

Un autre séisme 10 ans après celui de janvier 2010 fera autant de dégâts, autant de morts, selon l’architecte Jeanine L. Millet.

D’aucuns diraient que c’est inquiétant. Que nous ne devrions pas abandonner ainsi les vivants. Ce que ces gens ont peut-être oublié, c’est que la vie tout comme la mort n’a pas vraiment beaucoup d’importance sur ce coin de terre.

En effet, nous sommes sous la domination d’une grande histoire dont nous n’avons pas été les créateurs. Bien éloignés de remettre l’histoire en question, nous nous divertissons à coup d’habitudes et d’incertitudes. 

Nous reproduisons, un jour après l’autre, les grandes litanies de nos malheurs. Alors pour la responsabilité individuelle de s’en sortir, nous devons commencer par résoudre nos problèmes structurels. 


Quel modèle économique pour la presse haïtienne ?

Une presse qui n’investit pas dans l’innovation, une presse qui n’arrive pas à se défaire des liens funestes qu’elle entretient avec soit le gouvernement, soit avec le secteur des affaires, est une presse en décadence.

Dans cet article, je ne me fixe pas l’objectif d’analyser et de proposer un modèle économique aux médias. Son but est de mener une réflexion sur le financement de la presse et des médias en Haïti.

Avec l’expansion du numérique, c’est tout l’écosystème de nos médias qui est en train de payer la lourde facture de cette révolution technologique. Et pourtant, on dirait que ce débat n’intéresse personne. Les solutions se font encore attendre.

Pourtant, dans un contexte de montée en flèche des fake news, et cela couplé à une méfiance grandissante envers les médias, réinventer la presse haïtienne reste donc la seule solution pour nous épargner une mort lente mais certaine de nos différents médias.

Et c’est pourquoi, je pense qu’il est primordial de sauver l’information, le plus grand bien public de notre monde. Car on le dit souvent, et c’est bien vrai : l’information est pouvoir.

Mais pour cela, il faut un libre accès à l’information pour les citoyens, et une liberté de la presse garantir pour nos médias. C’est la raison pour laquelle la presse doit rester loin des puissances économiques.

Néanmoins, il faut le reconnaitre, avoir une presse où on peut combiner qualité et indépendance, cela coûte cher. Et c’est là que je fais appel au bon sens du citoyen, il faut un financement massif de la part de tous les citoyens pour relever ce défi.

Qui finance la presse en Haïti ?

Depuis quelques mois, je mène des réflexions sur l’importance du financement participatif dans le secteur de la presse. En effet, je crois que pour avoir les bonnes informations, les vraies informations, il ne suffit pas seulement d’avoir des journalistes crédibles, il faut une contribution de chaque citoyen.

Une participation qui permettrait que les journalistes puissent partir à la conquête d’informations assez pertinentes pour le public. Ce sera sans doute aussi une façon de créer une presse totalement libre qui travaillerait au bénéfice des citoyens et non pas pour des intérêts privés, ou pour des puissants cherchant à contrôler la presse pour qu’elle leur soit bénéfique.

Aujourd’hui, après les recettes publicitaires, il est quasiment impossible de trouver des informations pertinentes concernant le financement de nos médias. En effet, nos médias ne sont pas assez transparents, il est difficile de savoir officiellement la provenance de leurs sources de financement.

Ce qui laisse planer un doute légitime sur le mode de fonctionnement de nos médias et des dérives graves dans le secteur. Pourtant la précarité des médias nous saute aux yeux.

Qui peut alors venir à leur rescousse ?

Dans un monde qui change constamment et dans un pays où la situation socioéconomique se détériore de jour en jour, Il est temps de penser le développement de la presse à long terme et d’essayer de voir comment financer nos médias pour les vingt prochaines années.

Sachant le rôle et l’importance des entreprises médiatiques dans le paysage démocratique et culturel d’un pays comme le nôtre, il serait important que la corporation puisse s’asseoir pour réfléchir et discuter sur l’avenir des médias en Haïti.

Le défi est de taille, et on aura besoin du soutien de tout le monde pour réinventer un autre modèle de médias dans le pays. Ailleurs, il y a des initiatives assez intéressantes qui se font, comme par exemple le projet :

« Construisons ensemble la première communauté dédiée à l’innovation et l’entrepreneuriat dans les médias. »

Je suis persuadé que notre démocratie dépend d’un journalisme de qualité, et surtout libre.

Il existe de nouvelles idées pour le financement du journalisme pouvant garantir la liberté des médias, je pense par exemple au financement participatif. On pourrait aussi parler de la création d’un fonds d’aide aux médias afin de promouvoir l’innovation journalistique et la création de nouvelles offres de médias dans le pays.

Il est bien clair pour tout le monde que le bon journalisme coûte cher. Car pour une production de qualité et fiable, les médias qui ont besoin de mener des enquêtes approfondies basées sur la vérification des faits, doivent pouvoir compter sur l’implication directe des citoyens et non pas des groupes financiers ou de l’état.


Crise politique : Haïti rattrapée par ses vieux démons

N.B. : Dans le contexte de l’actualité troublée d’Haïti, et de l’assassinat du président Moïse, nous avons choisi de présenter ce billet en Une de Mondoblog. Il ne s’agit pas d’un billet d’actualité donc, mais d’un billet dont l’angle peut faire écho à l’actualité haïtienne.

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Crédit photo : Bill Hamway via Unplash/cc

La crise politique haïtienne est plus qu’un cancer. Elle est toujours présente dans notre société comme s’il s’agissait d’une fatalité. La crise actuelle ne porte pas uniquement sur les résultats des indicateurs sociaux-économiques et le dysfonctionnement de nos institutions.

 Elle est aussi une crise de moralité, de valeurs et de consciences.

Après une semaine de violentes manifestations antigouvernementales où les protestataires exigent le départ du président Jovenel Moïse, le pays respire un peu. Mais il reste quand même un lieu de non-droit pour les étrangers. Car il est clair qu’après les turbulences des dernières semaines, l’industrie touristique d’Haïti souffre de tous les maux de la terre.

En effet, depuis août 2018 avec le lancement du mouvement #PetroCaribeChallenge, on avait l’impression qu’il y avait un vent de panique qui soufflait sur le paysage politique d’Haïti. Car ce mouvement avait pour objectif entre autres de réveiller la conscience d’une population qui croupit dans le chômage, la misère et l’insécurité.

On peut bien accepter malgré nous l’injustice des uns et des autres. Cependant, il arrive toujours ce moment où le peuple crache avec rage sa colère.

Et comme a déclaré l’ex-secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie Michaëlle Jean : « Dans nos veines coule un sang d’insoumis. »

Et aujourd’hui, pendant que nos politiques sèment la terreur dans le pays, nous devons nous regarder en face. Car nous faisons tous face à cette réalité. Et nous ne pouvons plus faire comme si nous ne sommes pas responsable de ce qui arrive à notre pays. Nous avons notre part d’indifférence, de silence ou de complicité.

La dernière révolution 

La crise politique permanente que traverse notre pays n’est pas un châtiment. Elle découle de ce fossé qui existe dans la société : d’un côté, il y a le groupe des nantis et de l’autre, il y a ceux et celles qui luttent tous les jours pour trouver de quoi subsister.

Pour transformer cette situation, il n’y aura pas de miracle. Tout comme pour nos ancêtres, il n’y a pas eu de miracle. La crise politique, économique et sociale qui persiste dans le pays ne disparaîtra pas de lui-même. La justice sociale, le développement intégral de l’être haïtien dont nous rêvons tous sera le fruit d’une longue lutte.

Pour mener ce long combat contre des adversaires internes et externes, la nouvelle génération doit s’armer de patience, de courage et de détermination jusqu’à la victoire finale. Nous devons trouver la voie la moins mauvaise pour refaire l’image d’Haïti et enlever du même coup cette étiquette de pays instable qui colle à notre pays.


Faut-il répondre à la violence par la violence ?

Pneus Moto en feu
CC0/ Michael W.

Je constate ces derniers temps un regain de violence qui sème la désolation à Haïti. Personnellement, je suis un fervent défenseur de la paix. Mais pour ceux qui font l’apologie de la violence dans le pays, recourir à la force est la seule solution pour renverser le pouvoir en place.

Si vous n’avez pas suivi les infos, sachez que depuis août 2018, avec le lancement du mouvement #PetroCaribeChallenge, il y a comme un vent de panique qui souffle sur le paysage politique d’Haïti. Certains hauts fonctionnaires de l’État qui se croyaient intouchables ne savent plus maintenant à quel saint se vouer.

Lancé sur les réseaux sociaux par une jeunesse en colère contre la corruption qui sévit dans le pays, ce mouvement a vite conquis l’âme d’une grande majorité de jeunes du pays qui en ont ras-le-bol du système en place. Et qui décide de couper le sommeil aux anciens et nouveaux responsables d’État, avec une seule petite question : #KotKòbPetroCaribeA (où est passé l’argent de PetroCaribe ?).

L’idée première de ce mouvement était de mener une lutte pacifique contre la corruption qui est devenue la norme dans notre société. Nous devons la combattre tous les jours afin de donner une chance à la nouvelle génération.

Quand le pouvoir rime avec la violence

Cependant, en face l’opposition radicale ne jure que par la violence. Car ici, l’alternance politique par la voie des urnes n’est pas monnaie courante. C’est la voix des rues et des armes qui décident de l’avenir politique en Haiti. Le but ultime de cette violence politique de l’opposition radicale est la prise du pouvoir ou à défaut, la déstabilisation du pouvoir en place.

Et malheureusement, cette violence aveugle ne fait qu’affaiblir la classe moyenne et semer le deuil au sein des couches les plus vulnérables de la société. Et à la lumière des expériences récentes, la population doit gagner en maturité. Car la violence politique n’est jamais en faveur des couches les plus faibles du pays. S’il est bien vrai que nous devons continuer la lutte contre la corruption, cependant nous ne devons pas tomber dans le piège des membres de l’opposition radicale.

Il arrive que, là où il y a injustice, il y ait une colère compréhensible. Mais depuis un certains temps on tue, on brûle des gens et on pille avec une trop grande facilité dans ce pays. Je me demande assez souvent : à qui profitent ces crimes ? Est-ce seulement à l’opposition radicale qui réclame à cor et à cri la démission du président de la République ?

Je peux me tromper, mais quelque chose me dit que les populations en souffrance qui veulent lutter pour défendre des valeurs démocratiques et se libérer de l’oppresseur peuvent quand même y arriver sans avoir eu recours à la violence. Comme dirait Scilla Elworthy, grande militante de la paix :

 Recourir à la force contre la force ne fonctionne pas.

Nous sommes en 2018. Nous devons changer de stratégie. Même si je suis conscient que nous sommes dans un monde violent. Mais ceci n’empêche pas qu’on peut mener des révolutions pacifiques contre un système qui n’accorde aucune priorité au développement intégral des couches les plus défavorisées de la société.


Quel devrait être le rôle des médias communautaires dans l’espace caribéen ?

La Caraïbe est une région où les catastrophes naturelles représentent une menace permanente pour la population. Pour réfléchir sur le rôle des médias communautaires dans l’espace caribéen, la ville du Cap-Haïtien a accueilli,  du 18 au 21 mars, la première édition du forum caribéen sur les radios communautaires et la construction de la résilience aux catastrophes.

Situées dans une zone cyclonique, et surtout sur une zone de rencontre de plaques tectoniques en sous-sol, les Caraïbes concentrent les risques de catastrophes naturelles. Ainsi, la nécessité d’anticiper et de prévoir des solutions dans une stratégie de réduction des risques de catastrophe dans la région est d’une importance capitale.

Dans la logique du renforcement des radios communautaires et sur l’invitation de plusieurs instances (la Direction de la Protection Civile du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement  et l’Agence caribéenne de gestion des désastres pour la réduction des risques), divers pays de la région participent à ce forum régional pour tirer des leçons des récentes cyclones (la République Dominicaine, la Barbade, la Dominique, Haïti,  le Porto Rico et  la Colombie).

Ce forum est un  espace d’échanges entre les experts, techniciens, décideurs et représentants de la société civile sur le rôle des médias communautaires dans l’information et l’éducation du public en matière d’environnement et de réduction des risques de catastrophes dans la région.

Selon le représentant de la république Dominicaine, M. Jose Soto, la préparation aux catastrophes naturelles doit désormais faire partie intégrante des programmes scolaires de tous les pays de la caraïbe. L’idée est la suivante : de juin à novembre (période de la saison cyclonique), on s’active, on met en branle toutes les équipes pour faire face aux éventuelles catastrophes.

Cependant, M. Soto souligne que la sensibilisation des médias, mais surtout la programmation des radios communautaires, reste aujourd’hui un problème. En effet, il n’y a aucune campagne d’éducation dans les médias pour informer et sensibiliser la population sur les éventuels dégâts que pourraient occasionner un puissant séisme. Selon M.Soto, la république Dominicaine pourrait, elle aussi, devoir faire face à un séisme d’une très grande magnitude, sans que l’on sache précisément quand bien sûr… il faut donc anticiper et éduquer la population, notamment grâce aux médias et aux radios communautaires.

Pourtant, on reconnait la puissance des radios communautaires dans toute la Caraïbe. Face aux villages isolés des régions exposées aux catastrophes naturelles, les radios communautaires ont la capacité d’atteindre des communautés locales en très peu de temps pendant ou après une catastrophe naturelle. Cette forme de communication est donc précieuse.

Toutefois, on admet que l’électricité constitue le principal problème des radios communautaires dans beaucoup de pays de la caraïbe. C’est un véritable obstacle à un bon fonctionnement. Par ailleurs, et d’une manière générale, les pays de la région savent que l’investissement dans la réduction des risques de catastrophe doit passer par une campagne de sensibilisation et une éducation à la protection de l’environnement. Voilà pourquoi les radios communautaires doivent absolument être prises en compte dans la planification du développement et la budgétisation nationale pour lutter contre la réduction des risques des catastrophes naturelles.

En effet, si presque tous les intervenants sont d’avis que la radio communautaire joue un grand rôle dans la préparation aux catastrophes naturelles, après ce forum, certains participants espèrent que les radios communautaires de la région caribéenne pourront bénéficier d’un grand support de la part des autorités centrales. Cela leur permettrait de participer pleinement aux campagnes d’éducation et de sensibilisation pour diminuer les risques des catastrophes.


Au parc National des Trois Baies, des ONG locaux volent au secours des mangroves

Les mangroves sont des écosystèmes importants, mais au potentiel encore méconnu en Haïti. Face à la dégradation alarmante de l’environnement marin, des organisations locales se débrouillent pour la reforestation et la conservation de l’écosystème des mangroves au niveau du Parc National des Trois Baies (PN3B). Elle travaillent en synergie avec l’association nationale des aires protégées.

Dans le département du Nord et du Nord-est, il est considéré comme le père des mangroves. Lui, c’est l’agronome Obéi Dolcé, 51 ans, responsable en chef de l’ONG nationale Village Planète et farouche défenseur des mangroves. « Une forêt de mangrove est beaucoup plus riche que n’importe quelle forêt au monde. Et face à la menace de leur disparition, depuis 2002, je me suis engagé auprès de mes compatriotes. Je cherche d’abord à les sensibiliser sur l’importance des palétuviers, mais aussi à les former pour qu’ils puissent devenir, à leur tour, des défenseurs des mangroves », témoigne l’agronome Dolcé, homme de grande taille et au regard percutant.

Les mangroves sont des forêts de palétuviers situées le plus souvent sur les côtes tropicales. Elles ont la capacité de séquestrer le carbone, de filtrer l’air et l’eau et de protéger le sol contre l’érosion côtière tout en étant une source de revenus pour la population locale. Malheureusement, depuis 1986, les mangroves d’Haïti sont exploitées intensivement pour la production de bois de feu et de charbon. Cette déforestation, aussi entreprise pour permettre de construire des sites résidentiels, constitue les principales menaces pour les palétuviers. Une situation qui provoque des changements non seulement dans la structure forestière mais également dans la superficie des mangroves.

les mangroves
Les mangroves de Limonade
Crédit photo: Nelson D

C’est le cas de « Petite-Anse », où la pêche reste le premier moyen de subsistance pour de nombreuses familles. Dans cette section communale de la ville du Cap-Haïtien, la pression démographique – ajouté à la pauvreté de la population locale – a considérablement détruit la superficie des mangroves.

Tout comme à Fort-Saint Michel, l’image est encore plus accablante. La population coupe les mangroves, l’exploite de manière abusive et y construit leur maison. Et aujourd’hui, les autorités utilisent aussi cet espace pour en faire un site de décharge.

Du côté de Limonade, Janine reconnait qu’il n’y a pas d’autres sources de revenus en dehors de la pêche et des mangroves. « Nous n’avons pas d’autres sources de revenus autre que la pêche et les mangroves », confie-t-elle.

Malgré tout, cette jeune dame, à la trentaine, au visage rayonnant, croit savoir l’importance des mangroves. Toutefois, elle dit espérer d’autres alternatives venant de l’État pour mettre fin définitivement à la coupe arbitraire des arbres de palétuvier. « Aujourd’hui, la restauration et la protection des mangroves ne doivent pas être seulement la priorité d’un homme, ou des organisations locales », soutient pour sa part le Responsable en chef de l’ONG nationale Village Planète, Obéi Dolcé.

Disons-le tout net : en engageant la population environnante à la plantation des boutures de palétuviers, cela permettrait à coup sûr de régénérer la mangrove. Mais la participation des autorités au plus haut niveau de l’État dans le cadre du grand plan de la protection des aires protégées s’avère aussi indispensable.

Dans la baie de Limonade, de nombreux programmes de reforestation et de préservation ont vu le jour dans cette commune depuis 2013. Thimothé Evans, pêcheurs de la région, a d’ailleurs été sensibilisé sur l’importance des forêts de mangroves pour la communauté locale. « Grâce à une formation de la Fondation pour la Protection de la Biodiversité Marine (FoProBim), aujourd’hui la mangrove de Limonade est en train de renaître », s’est réjoui M. Evans. Qui, à travers l’association des pêcheurs, participe à la reforestation des mangroves avec le support de « FoProBim », tout en formant la population locale.

Pêcheur - mangroves
Visite dans les mangroves
Crédit photo: Nelson D

Depuis lors, ces derniers participent à l’assainissement et au reboisement des mangroves. « Nous avons encore besoin de l’appui de l’État. Car il y a des gens qui sont hostiles au changement et qui ne voient pas de bon œil notre travail », déplore Jean Baptiste Josué, président de l’organisation des pêcheurs de Limonade.

À en croire M. Josué, la destruction des mangroves était autrefois un facteur majeur de conflits dans la communauté entre les pêcheurs et la population locale. Maintenant, en dépit de tout, à Limonade entre terre et mer la mangrove se développe et embellie le décor du bord de la mer.

« Rien que pour le mois de mars 2017, avec l’appui de FoProBim nous avons planté environ 11.000 palétuviers », se félicite Thimothé Evans, avouant par ailleurs que la formation de la population avoisinante des mangroves permettra de restaurer l’habitat de certaines espèces rares, chose qui participe à une meilleure protection des palétuviers.

Importance des mangroves pour l’environnement marin

Si la menace de disparition de la mangrove est réelle. Par contre l’intervention de l’État dans le cadre de leur restauration reste jusqu’à présent peu visible. Dans plusieurs zones du département du Nord et du Nord-est, on constate que les associations des pêcheurs sont les véritables gardes forestiers qui assurent la protection des mangroves.

Soumis à une forte pression humaine, les écosystèmes marins côtiers qui génèrent beaucoup de ressources à la communauté locale sont aujourd’hui menacés.

Visite des mangroves

En effet, les mangroves représentent une richesse pour de nombreux pays. Les experts sont d’avis qu’elles jouent un rôle important dans la lutte contre le changement climatique. Car elles permettent de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

« Les mangroves à l’aide de leur structure aident à la production de poissons (pépinières), protègent le rivage de l’érosion, protègent les récifs coralliens, stockent le carbone du gaz carbonique et fournissent également de l’oxygène à la population et à de nombreuses autres espèces », affirme le directeur adjoint de la Fondation pour la Protection de la Biodiversité Marine, M. Widlin Florvil.

De son côté, le directeur du Parc National des Trois Baies, M. Liauté Pierre confirme que le parc offre un habitat important aux espèces menacées et rares comme les tortues et les lamantins. « En outre, il contribue de manière non négligeable à la santé des écosystèmes marins extracôtiers en raison de sa productivité organique élevée ».

Les mangroves diminuent les impacts du changement climatique, selon l’avis des experts. Pourtant l’Etat tarde à mettre en place un projet national pour leur restauration et leur protection. En effet, selon M. Widlin Florvil, l’importance des palétuviers va au-delà de ce qu’on pourrait imaginer.

Les mangroves protègent les côtes des grosses vagues. Elles protègent les récifs. «  La mangrove de la Baie de Caracol représente le plus vaste et le plus complexe des écosystèmes de mangrove au sein du PN3B. Les estimations de la carte de la couverture terrestre fournies par la cartographie entreprise par The Nature Conservancy (TNC) indiquent que la mangrove de Caracol présente une superficie de 4 030 ha » rappelle M. Pierre

Vers la restauration de 1000 ha de mangroves au Parc National des Trois Baies

Aujourd’hui, face à la menace qui pèse sur les mangroves du PN3B, comme  l’abattage du bois de mangrove, le défrichage mené pour l’agriculture, l’exploitation  des mines de sel, l’aménagement et l’industrie, il faut de nouveaux investissements pour la protection des mangroves.

Ainsi, M. Liauté Pierre confirme qu’un projet de : « 40 millions de dollars est financé Par la USAID pour une période de 5 ans dans le département du nord et du nord-est, avec un volet spécial pour le PN3B en vue de la restauration de 1000 ha de mangroves au niveau du PN3B. »

Pierre continue pour justifier que la restauration des mangroves vise à améliorer la résilience des écosystèmes et des communautés vulnérables aux changements climatiques et aux menaces anthropiques.

Si un peu partout à travers le monde, les mangroves subissent une énorme pression humaine, en Haïti, il faut une autre stratégie pour sauver les mangroves. « Car une fois détruites, les mangroves ne pourront plus alimenter et protéger les écosystèmes marins qui servent d’habitat à de nombreuses espèces aquatiques » confirme Jean Baptiste Josué, jeune pêcheur de la commune de Limonade.

Par ailleurs, au-delà de la protection du littoral, les mangroves d’Haïti offrent de nombreux services. Elles peuvent considérer comme étant des zones d’intérêt écologique, touristique et économique pour le pays.


Quelle approche doit-on prioriser pour le développement du numérique en Haïti ?

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Photo by Teemu Paananen on Unsplash

Depuis quelques années, on parle couramment de développement numérique, et ce à travers le monde. Certains pays ont déjà un plan d’action bien défini pour y parvenir, mais d’autres n’en ont pas, comme en Haïti par exemple. En Haïti, on multiplie les conférences sur le digital, des conférences à n’en plus finir, mais est-ce suffisant ? Il faudrait présenter un plan d’action concret sur le long terme, avec une stratégie bien définie et qui ne se limite pas à l’organisation de conférences !  Alors quelle stratégie doit-on adopter pour faire d’Haïti, le grand champion du numérique dans les Caraïbes ? 

Nous savons tous que les technologies numériques constituent un levier de développement pour tous les pays, y compris les pays du sud. Aujourd’hui le numérique est important dans tous les domaines, il est essentiel au niveau économique, il est également un levier de transformation des politiques de développement et les exemples sont nombreux… en effet, quel domaine n’évolue pas avec le numérique à l’heure actuelle ? Sachant cela, il est déplorable de constater le retard pris par Haïti pour adopter d’un plan d’action durable afin de développer ce secteur.

Alors, pour cette nouvelle année, je décide de tourner le dos aux différentes conférences qu’on organise régulièrement ici sur le numérique. Je n’ai de problème particulier avec ces conférences que j’ai pris le soin de suivre religieusement en 2017, mais je pense qu’il faut maintenant aller plus loin.

Au fond de moi, j’ai l’impression que sans des actions concrètes, ces multiples conférences ne permettront pas à Haïti d’exploiter la puissance du numérique. Dans les conférences, on écoute des experts et on apprend des choses, certes, mais on n’est pas actif. Or, il est temps de passer à l’action, sinon à quoi cela sert-il de s’intéresser au numérique ? Voilà pourquoi, pour cette nouvelle année, j’ai hâte de voir la concrétisation d’un projet qui est en discussion en ce moment et qui semble vraiment intéressant, il est question de former de dix mille codeurs sur tout le territoire.

Capture d’écran

Ce projet est une très bonne nouvelle, espérons qu’il se concrétise, car, comme je le disais, les enjeux économiques, politiques et sociaux que représente désormais ce secteur, sont tellement importants, qu’une stratégie nationale de développement numérique est vraiment ce qu’il nous faut, cela nous permettra d’aboutir à quelque chose de concret dans l’univers du numérique. Bon, c’est ce que je crois.

Appuyer la formation des jeunes dans le secteur du numérique

Selon moi, il faut miser sur la formation des jeunes, c’est la priorité, car, pour mieux construire l’avenir et s’assurer d’un développement réel en Haïti, on ne peut compter que sur la formation de la jeunesse au numérique. En plus, cela contribuera au développement progressif de ce secteur dans tout le pays, ce qui est nécessaire.

Vous me direz sans doute qu’on apprend toujours quelque chose de nouveau dans les conférences, j’en conviens. Mais une école où l’on enseignerait le code et les algorithmes aux jeunes, cela apporterait plus de résultat à l’avenir que des dizaines de colloques, j’en suis convaincu !

Il est surement plus facile d’organiser de nombreuses conférences sur le numérique, et de multiplier ces conférences, plutôt que de former la jeunesse à l’univers du numérique. Poser des actions significatives pour que tous les citoyens, de tous les recoins du pays, puissent avoir accès au numérique, cela est une autre affaire, et c’est surement une tâche assez difficile.

Mais aujourd’hui, nous devons avancer, aller plus loin, et donc tenter une autre approche. Il faut effectivement que le secteur privé et l’Etat se donnent la main pour établir un plan d’action de développement numérique à long terme, accessible à toute la population.

Ce plan d’action doit prendre en compte l’importance de la formation de la jeunesse pour un développement durable du digital dans le pays.

Car faire de la jeunesse notre cible prioritaire, c’est investir dans l’avenir du numérique en Haïti.


A Noël, on partage comme on respire

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Crédit photo: Annie Spratt /unsplash

Il arrive toujours ce moment de l’année où l’on a envie de partager. D’abord des moments forts en famille ou entre amis. Mais aussi d’échanger des cadeaux entre des proches. C’est en substance ce que la magie de Noël offre à tous.

Il y a parfois, dans le geste du partage à Noël, un acte de charité. C’est comme s’il ne pouvait y avoir de Noël sans cadeau. D’ailleurs, on oublie parfois ce qui compte le plus pour l’autre tout au long de l’année.

Mais on ne passera pas Noël sans offrir notre attention aux autres. Même si de nos jours avec les médias sociaux, le plus souvent on ne fait que copier-coller les messages de Noël pour les partager à d’autres. Le temps des réveillons en familles et amis ou l’on offre notre présence aux autres est presque révolu.

A Noël on aime, et on partage

Ce mythe de la Noël nous fascine tous. On est obsédé par l’idée de pouvoir poser une action positive en partageant un petit présent à nos amis. Certains iront même à faire des dons aux prisonniers, aux malades de certains hôpitaux publics. Bref, à Noël ce n’est pas l’envie de partager qui manque. Mais ceux qui ont cette volonté n’ont pas toujours les moyens.

Parfois il y a des gens qui paniquent, seulement parce qu’ils n’ont pas le moyen d’offrir un présent inestimable à un être cher pour la Noël. C’est aussi ça la fête de Noël. Et vous, croyez-vous qu’on partage beaucoup plus à Noël que les autres jours de l’année?

Mais devrions-nous vraiment attendre ce moment unique de l’année pour apprendre à partager ce que nous sommes et ce que nous avons aux autres ? J’imagine très bien que ce n’est pas le cas pour tout le monde.

Le partage, c’est un état d’esprit….

Même si en réalité à Noël, la plupart des gens espèrent toujours pouvoir partager un moment inoubliable avec leurs familles. Mais ce qui serait juste, c’est de pouvoir entretenir cette flamme de l’esprit de Noël tout au long de l’année.

Car le vrai moment pour partager c’est maintenant. C’est toujours. Ce moment ne devrait pas se résumer seulement à la fête de Noël. Même après cette fête nous devons continuer quand même à partager des moments forts avec les gens. Pas seulement avec ceux que nous aimons tendrement.

Le plus dur c’est toujours de s’ouvrir aux autres : aux marginaux, aux sans-abris, aux démunis et aux personnes handicapées. N’attendez surtout pas la Noël pour leurs offrir votre amour et votre présence.

Je sais que la plupart des gens vont cesser de partager une fois la fête de Noël est terminée. Ne soyez pas comme eux. Parce qu’il n’est écrit nulle part que vous devriez partager seulement à Noël, parce que les autres auront toujours besoin de notre présence pour un moment de détente et de bien-être.


Se former à l’ère du numérique : pourquoi et comment y parvenir ?

Crédit Photo: Sergey Zolkin via unsplash.com

Comme la plupart d’entre vous, je suis accro au numérique. Pour une raison ou un autre, je n’arrive toujours pas à me séparer de mon ordiphone, même pour un weekend.

Peut-être qu’un jour j’irai dans un centre de désintoxication pour soigner ma dépendance au web. Mais en attendant, dans un monde qui change sans arrêt avec l’évolution des nouvelles technologies numériques, se construire en permanence est un vrai challenge. Comment y parvenir grâce au numérique ?

Certaines personnes pensent à tort que l’espace numérique est une cour de récréation, où il faut venir pour se distraire. D’autres pensent que l’internet se résume tout simplement aux réseaux sociaux.

Pour cette catégorie de gens, la productivité, la création et la recherche du savoir à travers le couloir du numérique reste un grand défi.  Alors n’est-il pas temps de redéfinir notre rapport au numérique ?

Redéfinir notre dépendance au numérique

Autrefois, peut-être comme vous, je croyais que l’internet était tout simplement un espace de loisirs. Mais petit à petit, je découvre que, mine de rien, ce milieu-là est très riche, et avant d’être un coin où peut gagner beaucoup d’argent, il est surtout une source de savoirs. Mais il faut savoir aussi les dénicher.

Aujourd’hui, avec l’internet nous devrions apprendre à voler plus haut. D’ailleurs, les technologies de l’information et de la communication ne cessent d’envahir notre espace. Mais il y a encore trop peu de gens qui utilisent l’internet pour se former et se positionner pour en tirer le maximum de bénéfice de la révolution numérique.

Bref, réussir à redéfinir notre dépendance du web, c’est d’accepter que le web ne se résume pas à Facebook, Twitter, Instagram, etc.

De nos jours, il ne suffit pas d’avoir des smartphones, tablettes, connexions Internet et ordinateurs. Nous devons accepter qu’à l’âge du numérique, les règles du jeu ont changé. Et qu’avec le numérique on peut apprendre autrement pour être toujours au top et faire sa mise à jour régulièrement.

C’est parce qu’avec le numérique, le savoir n’est plus situé dans les grandes universités, et que de plus en plus les moocs se démocratisent que les adeptes du web doivent accorder leurs violons.

Se former avec les moocs pour être plus compétitif

En effet, avant que l’internet signe définitivement son arrêt de mort, comme on le démontre très clairement dans cet article, nous devons changer de stratégie. Car avec l’évolution rapide de la société numérique, il est important d’acquérir des nouvelles compétences.

Pendant que d’autres se pavanent sur les réseaux sociaux. Dans ce monde qui change, il est plutôt important de se former tout au long de notre carrière. Et grâce aux moocs, grâce à la gratuité de beaucoup de formations sur le web, et des milliers de tutoriels sur des sujets différents, il est devenu assez simple de profiter du numérique afin de tirer parti de la formation continue.

D’ailleurs, dans un moment où les entreprises se transforment, où l’univers numérique ne cesse de se développer, il est important d’être acteur de cette révolution numérique.


Celui qui vit pour oublier le temps

Crédit photo: Steven Hille via unsplash.com/cc

J’aime la vie. Celle qui nous donne l’impression d’être au paradis. Cette vie-là, qui nous berce avec le temps. Alors que certains se plaignent qu’ils n’ont toujours pas assez de temps, et que d’autres n’ont même pas le temps pour leurs familles. Moi, j’aime avoir du temps pour moi, pour ma famille, mes amis et pour tous ceux que j’aime.

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je n’aime pas être l’esclave du temps. Ce dernier est à mon avis la pire invention de la race humaine. Alors pour être toujours bien dans ma peau, je décide de vivre dans le présent. En effet, l’instant présent est sans nul doute le seul temps qui existe vraiment.

Le temps passé ailleurs que dans le présent, est un temps qu’on doit vite oublier. Malheureusement, les trois quarts de gens de ce monde pensent que le temps ne nous appartient pas. Ou que le temps c’est de l’argent. Ainsi, ils passent leurs temps à travailler, sans parfois se donner du temps pour apprendre à respirer, à vivre et à se familiariser avec la nature.

Aussi longtemps que je me souvienne, enfant, je n’avais aucun souci du temps. Je vis tout simplement. Aujourd’hui encore, le plus beau moment de la vie, c’est l’enfance. C’est le moment de la vie, où l’on profite pleinement du temps de vivre en famille, entre copains et avec les maîtresses.

Le temps qui passe…

De nos jours, le temps compte beaucoup trop pour les gens. Seulement, certains n’ont toujours pas assez de temps pour vivre leur vie. Les médias sociaux aidant, nos amis sont devenus de plus en plus virtuels. Les sorties entre copains, les randonnées en famille, dans certains milieux, se font de plus en plus rare comme la pluie dans le désert. Faute de temps le plus souvent.

Moi, je n’ai jamais craint le temps qui passe. Sans doute parce que je vis pour oublier le temps. Parce que le vrai bonheur se réside en dehors du temps. Il y a autant de mystère pour quelqu’un qui ne se donne pas du temps pour apprécier cette merveille qu’est la vie.

Il arrive toujours ce moment où l’on se perd dans l’illusion d’un futur merveilleux. A force de rêver, nous oublions fort souvent de vivre l’instant présent. On se retrouve ainsi coincé dans un monde imaginaire. Pourtant, la liberté, c’est se donner du temps pour vivre pleinement.

Il est important de se sentir toujours à l’aise dans le temps. C’est ce que je fais assez souvent. J’avance à mon propre rythme. J’ai toujours pensé que c’était important d’oublier le temps. Jusqu’à ce que je comprenne que nous sommes tous une machine dépendante en grande partie du temps.

Cependant, je rêve d’un monde où l’on peut vivre en dehors du temps. Un autre monde où le temps n’aura pratiquement aucun pouvoir sur nous. Un monde où l’on s’intéresserait davantage à l’humain, la nature et aux animaux.

Bonus : Si comme moi, vous aimez la vie et vous vous accordez du temps pour vivre pleinement, alors cette vidéo est pour vous. Rendez-vous la semaine prochaine pour un autre billet.


Société connectée: les Mairies doivent être des acteurs du numérique

Crédit photo: Freestylers via ppixabay.com/cc

Dans la société actuelle, le numérique représente une chance historique pour les habitants ruraux. Mais pour qu’ils puissent en profiter pleinement, nos mairies ont la périlleuse obligation de prendre le virage numérique. Nous devons nous diriger vers une collectivité territoriale connectée dans le but de tirer parti de cette évolution rapide des nouvelles technologies.

De nos jours, nous attachons une importance fondamentale au développement numérique. Les habitants des territoires ruraux sont eux aussi des citoyens qui souhaitent bénéficier les services du gouvernement électronique dans leurs régions.

D’ailleurs pour beaucoup de gens, l’accès aux nouvelles technologies numériques offre aujourd’hui plus d’avantages que d’inconvénients. Cependant, pour bon nombre de pays en développement, et notamment pour Haïti, l’accès à l’internet reste encore un grand défi.

Et dans une période où le numérique s’est installé convenablement dans le monde, où, aux dires de plus d’un, il n’est plus possible de ne pas s’aligner, il devient important de placer les communes au centre de cette révolution numérique.

Car face aux évolutions accélérées du numérique à travers le monde, les mairies connectées ont un rôle déterminant à jouer. D’abord, pour permettre à la créativité et l’innovation dans le monde rural de prendre son envol, et ensuite pour offrir encore plus de services en ligne aux administrés.

Qu’est-ce qu’une mairie numérique ?

Une mairie numérique ou connectée est une collectivité publique et politique qui utilise le couloir de l’internet pour offrir ses services à la population. Elle est une municipalité qui mise sur les nouvelles technologies numériques pour développer sa ville afin de permettre à ses administrés de bien profiter de la révolution technologique.

Aujourd’hui, que ce soit à travers un blog, un site Internet, où l’ensemble des médias sociaux, les mairies des pays développés, utilisent presque tous les outils numériques pour communiquer et informer ses administrés.

Par ailleurs, l’objectif premier d’une collectivité territoriale connectée, c’est de travailler pour réduire la fracture numérique, afin de positionner ses administrés comme des acteurs et non comme de simples consommateurs dans l’univers du numérique.

Mairie numérique, où en est-on en Haïti ?

En Haïti, l’explosion numérique n’aura pas lieu aujourd’hui. Nous n’avons pas encore besoin des mairies 2.0 ou des mairies connectées en ce moment. Il est trop tôt. Nous avons d’autres soucis plus urgents.

Le constat, c’est qu’il n’y a aucune de nos municipalités qui ont un site Internet officiel. C’est un fait. Même les mairies des grandes villes n’ont pas au moins un blog. La plupart sont présentes sur les réseaux sociaux, mais pas toutes.

Si tout cela représente un vrai défi pour les collectivités territoriales, c’est surtout les habitants ruraux qui vont payer les conséquences. Car l’aménagement numérique des territoires ne verra jamais le jour sans un plan national de développement du numérique.

Pourtant, dans la société connectée d’aujourd’hui, pour que les habitants ruraux puissent tirer véritablement parti de la révolution numérique, les municipalités doivent se positionner de plus en plus comme des acteurs. Elles doivent déployer des efforts pour que les administrés puissent avoir accès à l’internet haut débit et à un prix abordable. L’accès aux outils numériques ne doivent pas être un luxe pour les habitants des collectivités rurales.

Alors, pour une fois, la réalité réclame une compréhension totale de la société connectée où les collectivités locales sont plus que jamais concernées par les changements apportés par le numérique.


Soyez influent quand même !

Crédit photo : geralt via Pixabay CC

Être quelqu’un d’influent est un puissant désir. Moi, je ne suis pas encore assez influent comme certains s’amusent à me le faire croire, et je ne sais guère par quels moyens j’arriverai à influencer les comportements de mes semblables afin de changer la face du monde.

Mais on dirait qu’être influent représente désormais l’élixir de longue vie tant recherché par les hommes des temps anciens. Tellement l’influence a beaucoup de valeurs pour les jeunes de ma génération. Je suis influent donc je suis, telle est leur devise.

En effet, je remarque tout d’abord que, dans la société civilisée d’aujourd’hui, si vous n’êtes pas influent, vous n’êtes rien. Alors le plus dur, c’est toujours de voir des gens qui sont prêts à tout pour que le projecteur soit braqué sur eux comme étant les personnes les plus influentes.

La peur de ne pas être vu, entendu et compris, hante l’esprit de plus d’un. Il faut être à tout prix une personne extravertie, sociable et respectée en comparaison à une personne introvertie qui est plutôt du genre calme et réservé.

Ainsi, notre société se partage en deux catégories, les personnes très influentes, privilégiées de notre société et les autres, contraints de subir leur domination.

C’est normal, me diriez-vous. Et cela ne date pas d’hier, avanceriez-vous comme argument pour me convaincre du bienfait d’être une personne influente dans ce monde.

Être influent ou ne pas l’être

Non. Mon but n’est pas de minimiser l’importance d’une personne influente dans ce monde. Je sais ce que cela procure. Mais simplement de rappeler qu’être influent n’est pas une fin en soi.

Il paraît que nous avons besoin de beaucoup plus que cela pour construire un monde solidaire et offrir du même coup une chance aux sans voix et aux personnes en situation de précarité.

Comme beaucoup d’entre vous, je me pose cette question : une guerre d’influence pour quel leadership ? Est-ce pour un monde plus juste ou pour plus tard se faire broyer par cette grosse machine qu’est le système capitaliste aujourd’hui ?

En effet, l’influence, grâce aux médias sociaux, est aujourd’hui en pleine transformation, le fond et la forme mutent. Ceux qui se lancent dans ces arènes font beaucoup parler d’eux, et sont parfois mal compris. Parce que oui, le travail se veut difficile pour un influenceur.

Mais soyez influent quand même. Sinon personne ne vous écoutera, personne ne prêtera attention à ce que vous faites. Dans la société actuelle, on ne vous juge qu’à l’aune de votre influence.


Fuite des cerveaux haïtiens, comment arrêter cette hémorragie ?

Les jours que nous vivons actuellement en Haïti sont très graves. En ce moment même, face à la fuite massive de nos cerveaux, nos dirigeants se montrent insensibles et n’ont aucun plan réel pour diminuer la fuite de nos cerveaux.

La fuite des cerveaux haïtiens dans un premier temps vers les pays du Nord est l’une des problématiques qui empêchent à Haïti d’être la super puissance de la Caraïbe.

Je ne dis pas cela pour faire comprendre que la fuite des cerveaux haïtiens, qui, pour la plupart sont entrain de briller un peu partout à travers le monde est le plus grand obstacle à notre développement.

Cependant, je crois bien que s’il y avait une politique publique qui vise l’amélioration de la qualité de vie en Haïti et la valorisation davantage des compétences locales, on aurait pu quand même réduire cette fuite de nos cerveaux.

Non, la fuite des cerveaux n’est pas une chance pour Haïti

En effet, je remarque qu’il y a deux classes d’hommes dans notre société : l’une qui a la potentialité de pouvoir acheter beaucoup de produits à l’étranger et de les revendre sur le marché local, l’autre qui se démêle comme un diable dans un bénitier pour joindre les deux bouts. La première est la classe possédante ou celle que l’on appelle encore la bourgeoisie, la seconde est celle que j’appelle la classe défavorisée ou le peuple.

Ils sont médecins, ingénieurs, agronomes, avocats, professeurs et aussi des jeunes étudiants qui ne veulent qu’une chose : attraper la première occasion qui se présente pour partir travailler et vivre à l’étranger.

Ils sont nombreux qui n’ont aucun projet de retour. Ils ont aussi ce droit. Dirais-je. Mais cela ne veut point dire qu’ils n’ont aucun sentiment de patriotisme. Car la fuite de nos cerveaux est aussi une conséquence de la précarité et de l’insécurité imposés par l’État et la classe possédante.

Mais en dépit de tout, certains parviennent à se faire un chemin sans se mêler de la corruption. Par contre la chose la plus subversive qui soit, c’est comment peut-on arriver à stopper cette hémorragie ?

Car nous devons l’admettre tous, si ailleurs, les experts nous veulent faire croire que la fuite des cerveaux représente une chance pour les pays en développement.

Ici, même avec les 2.4 milliards de dollars de la diaspora pour cette année 2017, et même si les transferts de la diaspora haïtienne représentent 31% du produit intérieur brut (PIB) de notre pays, cette manne ne garantit pas la perte énorme que représente l’exode massif de nos cerveaux.

Alors, il faut croire donc que l’argent ne peut pas remplacer le capital humain. Sinon, les fonds qui proviennent de la diaspora haïtienne suffiraient pour développer le pays. Non, un pays ne se développe pas seulement avec l’aide des moyens financiers. Mais il nous faut surtout la mise en commun des esprits les plus brillants pour faire d’Haïti une grande nation de la caraïbe.

Et avant de trouver la meilleure solution pour faire revenir nos expatriés, essayons de trouver une formule pour diminuer la fuite de nos cerveaux vers les pays du Sud tels que : le Brésil, le Chili et le Mexique.


Faut-il apprendre à coder aux futurs journalistes haïtiens ?

La question m’a été posée plus d’une fois, et ma réponse est toujours assez claire. A l’ère du développement des technologies numériques, pour devenir des journalistes multi-tâches, il faut absolument apprendre les langages de la programmation informatique.

Presqu’à longueur de journée, j’entends parler de code informatique dans la plupart des médias. Beaucoup de médias étrangers estiment qu’il n’est pas question de fonctionner sans avoir des personnes qui savent coder au sein de leurs équipes. Malheureusement pour nous en Haïti, il n’y a pas eu de grand débat autour de l’avenir du journalisme.

Souvent considéré comme le pilier de la démocratie en Haïti, en dépit de l’évolution des technologies numériques et de leur impact assez significatif dans le secteur médiatique, jusqu’au moment de la rédaction de ce billet, il n’y a jamais eu à ma connaissance un grand débat sur l’avenir du journalisme en Haïti.

Pourtant, aujourd’hui l’expansion de l’intelligence artificielle représente une menace réelle pour l’avenir du journalisme à travers le monde. Il faut donc réfléchir à la nécessité d’introduire le code informatique dans le cursus des écoles de journalisme en Haïti. Selon moi, s’il n’est pas trop tard, il est temps de réinventer le journalisme dont a besoin dans la société haïtienne. Un journalisme moderne, capable d’innover, qui n’est pas à la traîne des nouvelles technologies numériques.

Le code, une compétence indispensable au journaliste

Le développement informatique prend de plus en plus de place dans les médias, mais aussi dans la vie d’un blogueur ou d’un journaliste. Ne pas avoir les compétences dans ce domaine, est un risque énorme pour les futurs journalistes. Ce débat fait rage depuis des années dans d’autres pays. Aujourd’hui, je crois qu’il est important d’ouvrir ce débat en Haïti : est-il nécessaire d’enseigner le code informatique dans les écoles de journalisme ?

Comme je l’ai dit plus haut, personnellement, je crois qu’il est normal (pour répondre aux nouveaux enjeux du monde numérique), que les écoles de journalisme en Haïti s’efforcent d’offrir des cours de programmation (code) à leurs étudiants, elles doivent le faire !

Et en plus de cela, les futurs journalistes pourront apprendre gratuitement le code grâce aux tutoriels et grâce à des moocs qui sont disponibles sur la toile mais ici et  aussi.

Même si l’objectif pour un futur journaliste n’est pas forcément de devenir des génies de l’informatique. Mais sans devenir un spécialiste du genre, il est important pour un journaliste de savoir coder. Moi, j’ai eu la chance de rencontrer le très jeune data-journaliste, Pierre Romera, qui lors d’une formation à Abidjan, a déposé en moi les semences de l’amour des données et de la programmation.

Et depuis lors, je suis de près l’évolution de ce nouveau métier du web. En effet, pour les journalistes qui sont de plus en plus connectés aux technologies numériques, c’est une nécessité aujourd’hui que les futurs journalistes apprennent les bases de la programmation.

D’ailleurs, il n’y a rien de plus facile aujourd’hui que de pouvoir apprendre à coder en ligne. Et si comme moi, le démon qu’on appelle » temps » ne vous empêche pas de progresser, dans moins de six moins vous aurez la possibilité de connaitre les bases de la programmation.

En définitive, comme il est grand temps pour les journalistes haïtiens de savoir mieux utiliser les nouveaux outils du numérique, s’il n’est pas encore trop tard, il est temps pour eux aussi d’apprendre à coder.


Départ de mon soleil

Au départ, je pensais que c’était une farce. Et je me demandais qu’est-ce que tu aurais bien voulu me dire à nouveau dans une énième lettre.

Tu m’as déjà beaucoup parlé, dans une de tes lettres, de ta ferme intention de partir vers de nouvelles terres, à la conquête des expériences nouvelles. Quoique je sois un fervent partisan de liberté, j’avais du mal à accepter ta décision.

Aujourd’hui, ta dernière lettre vient à peine de me parvenir. Tu es censée prête pour prononcer la sentence. Mais tu crains, dis-tu que ton départ me laisse dans une situation encore plus cruelle.

Oh là là ! Non. Ne le crois pas. Je ne veux te demander aucune grâce. Si tel est ton bon désir de me rendre malheureux, fais bien ton choix. Je sais ce que ton départ coûtera à mon cœur. Mais la vie était bien organisée ainsi.

Qu’est-ce qu’un homme sans son autre moitié ? Qu’est-ce qu’en effet un amour sans avenir ? S’il arrive que ton corps beau et ton regard ne soient plus pour moi une source de bonheur et de joie, alors je n’ai pas le droit de me plaindre. Et je n’ai nullement envie aussi de mouiller mon pauvre corps de mes larmes.

Comme la trop grande attention empoisonne la princesse, je savais que trop d’attachement brise les cœurs des hommes les plus fidèles. La vie est ainsi faite. Il y a le bonheur et le malheur. Je ne peux prétendre vouloir l’un sans l’autre.


                                            

Tu me reproches d’être toujours accroché à mon boulot. D’être trop souriant avec mes collaboratrices. Non, ce n’est pas vrai. Est-il possible que tu ne crois plus en moi ? Hélas, je croyais pendant longtemps que notre relation serait sans fin.

Mais j’ai fini par comprendre, un peu trop tard peut-être, que les femmes ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Elles ne veulent pas toutes les mêmes choses. Ce n’est pas en réalité toutes les femmes qui souhaitent qu’on leur accorde beaucoup d’attention, de louange, d’amour et de tendresse.

Maintenant, le soleil s’est déjà couché. Il va peut-être se lever ailleurs. Je n’ai point à pleurer son départ. J’ai eu tout mon temps pour le contempler. Je voulais qu’il reste pour qu’il puisse réchauffer mon cœur éternellement. Mais ce n’est pas le cas.

Et voici maintenant que la nuit arrive avec ses caprices. Je ne me lamenterai pas sur la beauté du soleil. Il est déjà parti. Je vais marcher les yeux fixés sur les étoiles, sans entendre aucun bruit, seul, j’irai par la montagne à la recherche de cette charmante lune qui pourra bercer mon cœur.


Malaise social face à l’augmentation des impôts en Haïti

Entre l’augmentation de la pression fiscale et la réduction des dépenses publiques, le gouvernement haïtien a fait choix d’augmenter taxes et impôts afin d’accroître les recettes fiscales, sans prendre en compte les répercussions à court et à moyen terme d’une telle politique.

Avec la première manifestation violente du mardi 12 septembre 2017 contre l’administration du président Jovenel Moise. On entame en grande pompe, sans l’ombre d’aucun doute la rédaction du nouveau chapitre de l’histoire de l’instabilité politique en Haïti.

Je ne pense pas que l’on ait atteint déjà la vitesse de croisière. Ce que je n’espère pas vraiment. Mais on est dans un contexte politique extrêmement dynamique où face à la revendication d’une frange de la population et des protestations des leaders politiques avides du pouvoir, le gouvernement doit prendre très au sérieux la revendication des uns et des autres. Avec la possibilité aussi d’adopter des mesures nécessaires pour freiner les causes qui nourrissent l’instabilité politique en Haïti.

Car par rapport à la nouvelle loi de finances votée au Parlement, la plupart des observateurs insistent sur le fait que ce sont les jeunes et les couches les plus pauvres surtout qui vont subir cette hausse des impôts. Et, malheureusement, les explications du gouvernement sur la raison de cette hausse des taxes et des impôts ne sont guère convaincantes.

En effet, supposons vraiment que le gouvernement entend réduire la forte dépendance de l’État haïtien par rapport à l’Aide Internationale. Je pense que les citoyens seront contraints de consacrer une part plus importante de leurs revenus aux impôts. Ce qui, en temps normal, ne devrait poser aucun problème, sauf que la corruption et le détournement des biens publics sont désormais les sports favoris de certains de nos dirigeants. Cette population, qui croupit encore dans la misère, a grand intérêt à faire entendre sa voix afin que la répartition du budget national soit équitable et qu’enfin la justice sociale devienne une réalité dans le pays.

N’oublions pas aussi que la mobilisation violente avec casse et la violence policière ne sont pas nécessairement les meilleurs moyens d’exprimer notre opposition face à l’augmentation des taxes et des impôts par le pouvoir en place, ni de faire reculer le gouvernement.

En définitive, il serait préférable que le gouvernement puisse réduire les dépenses publiques, notamment les dépenses superflues, ce qui constitue un autre moyen de diminuer les déficits publics. Cette option permettrait de ne pas augmenter les impôts de façon arbitraire. Cette mesure traduirait aussi la volonté du gouvernement d’adopter une politique budgétaire plus équilibrée et qui tienne en compte du pouvoir d’achat de la grande majorité de la population vivant dans la crasse.


Université d’État d’Haïti : quelle stratégie numérique pour notre enseignement supérieur ?

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À l’échelle mondiale, la révolution digitale représente une opportunité sans précédent pour répondre aux nombreux défis liés à l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique. Pourtant, l’Université d’État d’Haïti n’arrive toujours pas à présenter au grand public sa stratégie numérique pour faire évoluer l’enseignement supérieur.

Le développement du numérique est devenu depuis quelque temps un sujet d’intérêt public à Haïti. Si la rapidité de son évolution à travers le monde bouleverse une partie de nos pratiques, l’enseignement supérieur est l’un des domaines où la transformation numérique aura encore à faire ses preuves.

Dans un premier temps pour s’adapter à ce contexte de numérisation. Et ensuite pour répondre aux nombreux défis auxquels notre société est confrontée. Alors, au-delà d’une formation adaptée à la révolution numérique et de la pédagogie numérique dans notre enseignement supérieur, c’est l’ensemble des domaines de formation qui sont concernés par le numérique. Car dans la société connectée la formation tournée autour du numérique sera encore d’une importance capitale.

Enseignement supérieur et numérique : où en sommes-nous ?

Puisque désormais le numérique constitue un levier de changement du modèle de l’enseignement supérieur. Toutefois, l’université d’État d’Haïti fait face à l’heure actuelle l’objet d’une crise pluridimensionnelle. Ce qui l’empêche bien sûr de prendre le chemin vers une réelle modernisation.

Et d’un autre côté la situation actuelle de l’enseignement supérieur à Haïti n’est guère bénéfique pour une explosion de l’usage du numérique dans notre enseignement. Même s’il faut reconnaître que l’apprentissage numérique est déjà une réalité à Haïti. D’ailleurs, l’UEH dispose déjà une plateforme pédagogique des cours en ligne à disposition des étudiants.

Mais face à une demande de formation en forte évolution, l’UEH doit être en mesure de développer une stratégie numérique pour offrir une formation à forte valence numérique aux étudiants afin qu’Haïti puisse rattraper le train de cette révolution digitale et qu’elle puisse devenir un acteur incontournable dans la création des nouveaux outils technologiques dans la caraïbe.

Et si le numérique était un levier de changement pour notre enseignement supérieur ?

Considérant notre besoin en matière de formation supérieure de qualité, et vu le retard du pays en ce qui concerne le développement numérique qui est attribué à une carence des ressources humaines compétentes.

L’université d’État d’Haïti doit se mettre au diapason afin de relever le défi adressé à notre système d’enseignement supérieur, celui qui est donc de former plus de diplômés au métier du numérique, d’une part, puis il faut adapter l’ensemble de nos formations aux réalités d’un peuple vivant à l’âge du numérique.

En effet, les différentes alternatives qu’offre le numérique pourraient entre autres aider à l’augmentation de la capacité d’accueil de l’université d’État d’Haïti. Dans un contexte où la grande majorité des jeunes d’aujourd’hui sont des « Digital natives », il convient de profiter de l’atout majeur qu’offre le numérique pour relever les défis de l’enseignement supérieur et de bénéficier les dividendes de cette révolution technologique.

Par ailleurs, si l’on parle souvent de crise universitaire à Haïti, il faut croire que cette crise s’annonce encore plus grave si dès maintenant nous ne prenons pas les meilleures décisions qui s’imposent. Puisque, à l’heure de la révolution digitale, les universités haïtiennes doivent faire évoluer la qualité de leur enseignement afin de mieux répondre à leur mission de transmission des savoirs innovants et d’insertion professionnelle dans un monde qui tend de plus en plus vers le numérique.


Investir dans la diversité culturelle haïtienne, une nécessité pour l’exportation de notre culture

Je ne connais pas d’autres pays plus riches culturellement qu’Haïti dans la Caraïbe. L’art demeure dans l’âme de chaque Haïtien, la culture est notre porte-bonheur, elle est notre plus grand patrimoine, notre espoir et notre source de réconfort.

De notre peinture en passant par notre sculpture, notre musique, et jusqu’à la danse et la gastronomie haïtienne, notre diversité culturelle était considérée autrefois comme une mine aux trésors. Et n’en parlons même pas de notre littérature ! Elle fait encore les délices des lecteurs de par le monde.

La culture joue un rôle prépondérant dans la vie des Haïtiens. Elle confère encore plus de sens et de valeur à notre identité. Cependant, de nos jours, je constate avec amertume que notre culture est en chute libre. Faute d’une politique culturelle nationale, le secteur culturel haïtien reste à la traîne dans la caraïbe.

Aux yeux de plus d’un, y compris de beaucoup d’Haïtiens, il y a environ trente ans, notre culture était une richesse pour le monde entier, un symbole d’une très grande valeur. Dans un article publié le samedi 19 août 2017, le poète, écrivain et essayiste Rodney Saint- Éloi affirme :

Haïti a surgi au monde, grâce à la révolution anti-esclavagiste de 1804, mais aussi grâce à son art, sa culture, sa musique, sa peinture, et sa littérature, qui rayonnent à travers le monde.

Aujourd’hui, les catastrophes naturelles, les troubles sociaux et l’instabilité politique s’harmonisent pour nous faire perdre cette grande richesse que représente notre culture. Et quand je vois la disparition de la production des œuvres cinématographiques dans le pays, je conclus que la filière culturelle ne sera jamais un levier de développement économique pour notre société.

Pourtant, de nombreuses études révèlent clairement que tout projet culturel bien défini peut dégager des bénéfices assez significatifs pour promouvoir le développement durable dans un pays. Mais cela n’arrivera pas sans un appui du gouvernement aux entreprises culturelles désireuses d’exporter leurs projets ou produits culturels.

Pourquoi investir dans la culture ?

D’où l’intérêt d’investir massivement dans la production des œuvres culturelles de très grande valeur pour un rayonnement de l’art et la culture haïtienne à l’échelle internationale.

Nous devons investir dans la culture afin tout d’abord de parvenir à un échange équilibré des biens et services culturels et ensuite de faire notre mieux pour accroître la mobilité de nos artistes et des professionnels de la culture un peu partout à travers le monde.

Cependant, s’il est bien vrai que nous sommes tous fascinés par l’artisanat, la culture, la musique et la danse, je suis persuadé que tout ceci ne mènerait nulle part, si à la fin nous ne sommes pas conscients qu’il soit important de placer des investissements dans ce secteur afin que notre culture puisse devenir un moteur de croissance économique et de développement durable.

Et dans un contexte où la production culturelle de qualité nous fait défaut, aider le pays à remonter la pente me semble plus profitable pour le secteur que des subventions à des parlementaires.

En effet, afin de soutenir l’exploitation et l’exportation de produits culturels haïtiens. Il faut de nouvelles approches pour orienter les politiques culturelles du pays. Puisque chez un peuple où la culture représente un symbole aussi fort, nous devons investir dans cette filière pour faire exister aussi la culture savante haïtienne partout dans le monde.

À noter qu’en dépit de sa situation calamiteuse, Haïti peut devenir la plaque tournante de la diversité culturelle dans la Caraïbe. Et ce qui importe le plus pour moi, c’est que l’État puisse créer un fonds destiné à soutenir les entreprises culturelles.

Une initiative, je crois s’il est rejoint par les efforts du secteur privé favorisera la production, la distribution, la promotion et l’exportation des biens et des produits culturels haïtiens au niveau mondial.